crazytos

Ou quand les maux deviennent des mots.

Lundi 31 mars 2008 à 17:49

Christelle ou un amour propre de la taille d'un petit-pois

 

    Demandez-moi de parler de moi, demandez-moi d'écrire sur ma personne, demandez-moi de me décrire, vous avez 99% de chances que ce soit pessimiste, négatif, méchant. Je ne dirais pas de bien de moi. Je pourrais même vous faire la liste de mes défauts. Et on me répète sans cesse que je ne suis pas si, que je ne suis pas ça, que je suis une fille bien, etc. Les gens doivent croire que la raison pour laquelle je ne dis plus de mal de moi que de bien est toute bête, toute simple : pour qu'on me réconforte. Psychologie inverse. Je dis que je suis stupide et on accourt me dire que ce n'est pas le cas. Mais non, ce n'est pas du tout mon but. À vrai dire j'écris souvent sans but... Mais je pense qu'une explication du pourquoi du comment je suis ainsi ne serait pas du luxe.

    Je ne me suis jamais vraiment aimée. Je vivais bien avec ça. J'étais habituée à ne pas être la petite fille parfaite qu'on aurait voulu que je soit. Puis j'ai grandis, j'ai grandis et j'ai mûris. Je vivais dans une société où l'image que l'on transmet était d'une grande importance. Et j'ai commencé à me remettre en question, à me regarder avec les yeux des autres. Et je me suis vue, je me suis vue moi, je me suis vue tel que je ne m'étais jamais vue. Et je me suis dégoûtée.

    J'ai alors donné beaucoup plus d'importance aux regards des autres, aux pensées des autres, aux goûts des autres. Je me sentais de plus en plus mal. Je n'avais rien qui puisse un jour plaire à un homme. Les remarques des gens autour de moi me touchaient de plus en plus, je ne les sentais pas, je ne les sentais plus, je les vivais. Elles me blessaient comme un poignard enfoncé dans la peau. Je ressentais la douleur qu'une arme blanche provoquait chez ses victimes. Mais je ne me prenais pas en main. J'avais mal, trop mal pour me battre. J'étais persuadée que rien ne changerait : je ne serais jamais celle qu'on veut que je sois, je n'y arriverais jamais. Je n'avais pas le courage suffisant pour essayer de changer les choses. Mais en avais-je réellement envie ? Avais-je envie de devenir celle qu'on voulait que je devienne ? Est-ce que cette nouvelle moi serait vraiment Moi ? Me plairait-t-elle ?

    Et je laissais les choses comme elles étaient. J'encaissais chaque insulte, chaque mot déplacé, chaque remarque blessante. J'encaissais tout pour un jour tout libérer. Je lâchais toutes ces blessures de ma tête, elles s'échappaient par mes yeux, liquides et transparentes. Elles dévalaient mon visage en le mouillant, en le salissant. Je détestait ça, et je le déteste encore. Je préfère tout garder un maximum de temps mais ne pas pleurer, non, jamais pleurer. Et tout s'accumulait dans ma tête. On me le répétait si souvent que j'avais finis par y croire, jamais je ne plairait à personne, jamais. Et j'y crois encore...

    Je me sentais mal dans ma peau, mal dans mon corps, mal dans ma tête. J'avais perdu toute confiance en moi, toute fierté, tout amour propre. Je copiais les autres pour paraître quelqu'un, je n'avais pas de personnalité. C'est à la mode ? Très bien, je suis. Elle aime ? Ok, moi aussi j'aime. Je n'étais qu'un torchon, une mauvaise photocopie de ce qui m'entourait, de celles qui m'entouraient. Tout ça pour me sentir appréciée. Simplement appréciée puisque je savais impossible qu'on puisse m'aimer, qu'un garçon puisse, un jour, m'aimer. Je n'étais personne. J'imitais les autres sans vraiment chercher à savoir si ça me correspondait, si j'aimais. Elles avaient du succès, beaucoup d'amis, des petits copains ? Elles étaient mes modèles. Sûrement les pire modèles qu'on puisse avoir...

    Puis un jour, un jour j'ai pensé, j'ai pensé sur moi même. « Je dois me montrer telle que je suis ». J'avais pris une bonne résolution. Le plus difficile serait de la tenir. Pour tout commencement, j'ai du séparé ce que j'aimais de ce que je n'aimais pas. Musique, style vestimentaire, garçons...tout est passé par mon nouveau jugement. Et j'ai été surprise de me rendre compte que j'étais très différente de mon vrai Moi. Et j'ai changé, un peu. Je n'avais pas le courage de changer plus. Je n'avais pas assez confiance en moi pour changer tout. Que penseraient les autres ? Cela continuait de me hanter : le regard des autres. Certes, il fallait que je change, que je devienne moi, mais je ne devais pas choquer, pas surprendre. Je devais rester discrète. Cela me convenait. J'étais un peu plus Moi. Je continuais de m'inspirer des autres mais je ne copiais plus, plus autant.

    Et je suis partie. Je me suis éloignée de ces regards qui me connaissaient. J'allais devoir affronter de nouveaux regards, des regards que ne savaient rien de moi. Il m'a fallu un certain temps pour m'en rendre compte, mais c'était une bonne chose, une très bonne chose. C'est vrai, c'était effrayant, l'inconnu est effrayant. Mais dans ce cas précis, c'était moi l'inconnue. J'avais devant moi une opportunité en or, l'opportunité que je cherchais pour tout changer, pour devenir Moi. Et je suis devenue Moi. J'ai changé. Je me suis libérée. Presque...

 

    J'ai toujours eu le besoin de me sentir aimée. Je ne m'aimais pas alors il fallait que les autres le fasse. Il fallait qu'ils m'aiment pour que je ne sombre pas. J'ai toujours ce besoin en moi. Je veux qu'on m'aime. J'ai besoin qu'on m'aime. Et j'en demande toujours plus. J'ai, des fois, l'impression qu'on ne m'aime pas vraiment. J'en ai souvent l'impression... À vrai dire, j'ai du mal à croire qu'on puisse m'aimer puisque je ne m'aime pas moi même. Et j'aime. J'aime les autres, du mieux que je peux. Mais je ne le montre pas. J'ai peur, trop peur. Peur que la personne que j'aime ne m'aime pas comme je l'aime, qu'elle se moque de moi. Je ne fais pas confiance aux autres...tout comme je ne me fais pas confiance à moi même.

    Et c'est ce manque de confiance qui m'empêche de devenir tout le Moi que je voudrais enfin être. C'est elle qui me bloque quand j'essaie de bouger. C'est elle qui ne freine quand j'essaie d'avancer. Elle est là, encrée en moi. Il fallait que je découvre comment l'éliminer, comment regagner confiance en moi. Qu'est-ce qui provoque ça ? J'ai cherché, j'ai pensé, et j'ai trouver. Tout ce que j'ai accumulé depuis petite. Toutes ces cicatrices et toutes ces blessures qui n'ont jamais vraiment cicatrisées et qui ne cicatriseront peut-être jamais. Il fallait que je lutte contre elles, que je fasse quelque chose.

    Et j'ai fait le premier pas. Je suis entrée dans cette pièce. J'ai parler à cette femme, j'ai suivi ses conseils. J'ai continué à la voir et à suivre ses conseils – je continue à la voir et à suivre ses conseils. Et mon corps à commencer à changer. Il est différent. Il est mieux, c'est vrai. Mais il ne me satisfait pas. Je veux plus, toujours plus. Je ne suis pas encore contente. Je continue de changer, de maigrir, mais je n'arrive pas à augmenter mon amour propre. Certes, je me sens mieux, j'espère plus, j'ose plus de choses... mais il y toujours un quelque chose, un frein. L'image que le miroir reflète me dégoûte toujours. Je ne m'aime toujours pas.

    Et il y a lui. Ce lui qui ne m'aide en rien. Son jugement est énormément important à mes yeux. Je veux lui plaire à tout prix. Parfois, j'ai l'impression que c'est le cas et je me sens bien, si bien...Dans ces moments là, il m'arrive même de gagner courage et confiance. J'ai l'impression que tout va bien. Je suis enfin Moi. Je perds mes tabous et mes peurs. Mais, plus rapidement qu'il n'accroît mon estime, il la fait chuter. Sans un geste, sans un mot, il arrive à faire en sorte que je me sente plus mal que jamais, que je me dégoûte plus que jamais, que je me haïsses plus que jamais. Et je perds tout ce que je peux gagner en sa présence. Je m'enfonce dans un trou profond. Et je n'en trouve pas la sortie. Je traverse cette grotte obscure et sale sans savoir où aller. C'est fou ce que je peux me sentir mal.

    Tout ça car j'ai donné trop d'importance à son regard, car j'ai besoin et envie de savoir qu'il m'aime, qu'il peut m'aimer... Et j'ai peur de ne pas lui plaire. Si je ne lui plaît pas, pourquoi plairais-je à un autre ? Comment plairais-je à un autre ? Je continue sans confiance en moi et avec peu d'amour propre. Je fais semblant que tout va bien, que je me sens bien, que je suis heureuse. J'agis, je joue, je m'amuse. Mais quand je suis seule dans mon coin, il m'arrive de regretter. « Je n'aurais pas du faire ça, pas moi... ».

    Je sais que ce n'est pas bien, que je ne pourrais pas avancer dans la vie si je n'ai pas confiance en moi, que je ne pourrais pas être aimée si je ne m'aime pas moi même. Mais rien n'y fait. Je n'y arrive pas. Je n'y arriverais jamais... Il y a ce quelque chose que m'empêche de trouver la solution à mon problème, car oui, c'est un problème.

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